la technique de la tapisserie
détail du métier à tisser de haute-lisse utilisé à l'atelier Elvire Debitus
La tapisserie n'est ni la restauration de fauteuils, ni le tissage jacquard, ni le canevas au point ou la broderie, ni un drap imprimé suspendu au mur. Il n'est pas évident de s'y retrouver tant ce terme a d'acceptions !
La tapisserie est une technique de tissage spécifique où la « trame » (fils colorés qui constituent le motif, souvent en laine) recouvre entièrement le fil de « chaîne » (fils de cotons ou laine écru tendus de façon perpendiculaire à la trame et qui constituent l'ossature de la tapisserie). C'est une pièce décorative tissée sur un métier à tisser.
C'est par la main du lissier ou lissière (tisserand de tapisserie), qui va construire les motifs et dessins au fur et à mesure, que la tapisserie est créée, avant d'être suspendue au mur. L'artisan ne va pas effectuer un va-et-vient sur son métier à tisser de façon répétitive, mais utiliser un petit outil en bois, garni de fils (souvent de laine), afin de construire les motifs et dessins de sa tapisserie, comme un maçon va construire un mur : morceau par morceau, du début à la fin.
C'est un travail calme en apparence mais qui sollicite sans cesse la logique et la technicité de celui qui le pratique.
Il existe deux types de techniques de tapisserie, selon l'orientation du fil de chaine : la basse-lisse (sur métier à tisser vertical) et la haute-lisse (sur métier à tisser horizontal). Il est impossible de différencier la technique utilisée sur la pièce terminée. Je pratique la tapisserie de haute-lisse, sur un grand métier à tisser manuel, grâce à la technique traditionnelle pratiquée depuis des siècles à la Manufacture des Gobelins, à Paris.
La tapisserie est aujourd'hui un savoir-faire rare et qui réunit quelques artisans de par le monde, que ce soit au sein de manufactures, principalement en France, en Australie, en Écosse et sur le continent africain, ou au sein de petits ateliers indépendants.
C'est une technique unique, qui nécessite la main de l'homme, et beaucoup (beaucoup !) de temps : son rendu ne peut être imité par les avancées technologiques. C'est ce qui en fait sa richesse et sa particularité.
Technique à contre-courant de l'époque contemporaine, elle a pourtant tout son sens dans une société occidentale qui redécouvre la joie de fabriquer des objets de ses mains, l'importance de valoriser les savoir-faire qui nous ont été transmis depuis des siècles et des siècles.
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